Emploi des jeunes : derrière l'embellie, les fragilités persistent
Selon le dernier bilan de la Cour des comptes, paru ce mercredi 19 mars, entre 2017 et 2023, la situation des jeunes sur le marché du travail s'est nettement améliorée, avec un taux d'emploi atteignant 35,2% chez les 15-24 ans, son niveau le plus élevé depuis 1990. Cette progression de six points marque une rupture avec la tendance baissière observée entre 2001 et 2016.
Les contrats d’apprentissage : moteur de l’embauche chez les jeunes
L'essor de l'alternance explique plus de la moitié de cette amélioration. Malgré l'interruption temporaire due à la crise sanitaire, le taux de chômage des jeunes a retrouvé dès 2021 un niveau inférieur à celui de 2019, grâce aux mesures gouvernementales déployées, notamment celles qui concernent les contrats d’apprentissage. Pour autant, le gouvernement semble déjà faire marche arrière sur le sujet. En effet, l'annonce récente de la réduction des aides aux entreprises pour les contrats d’apprentissage, ainsi que la fin d’une partie de l'exonération des cotisations sociales pour les salariés en contrat d’apprentissage marquent un arrêt dans la dynamique qui avait commencé avec la crise sanitaire.
La part des NEET (jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation) chez les jeunes a diminué, s'établissant à 10,5% en 2023 contre 11,3 % en 2017, représentant encore 830 000 personnes.
Des résultats en trompe-l’oeil ?
Cependant, des difficultés structurelles persistent. Le taux de chômage des jeunes reste 2,5 fois supérieur à celui de la population générale, et la précarité demeure importante avec 6,6 % des jeunes en emploi occupant des CDD de moins de trois mois. Alors que pour le reste de la population la part est de 2 %.
La Cour des comptes rappelle que les jeunes constituent la population la plus vulnérable aux fluctuations économiques. En période de ralentissement, ils sont les premiers touchés par la hausse du chômage, subissent plus durement le gel des embauches et la fin des contrats courts. Les données récentes confirment cette tendance : malgré les dispositifs d'aide déployés pendant la crise sanitaire, les jeunes ont été plus affectés que les autres catégories, comme l'illustre l'augmentation de 4,5 % du nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans en 2023, contre seulement 0,4% pour l'ensemble de la population.
Le nombre de jeunes de 18-24 ans dans une situation de surendettement s'est aussi envolé depuis 2019, où il était d'environ 2,5 %, pour atteindre plus de 4 % en 2024 selon un rapport de la Banque de France
Pour autant, les “jeunes” sont loin d'être une population homogène. De fortes disparités géographiques, sociales et professionnelles existent. Pour ce qui est des inégalités territoriales, elles persistent également : dans 18 départements métropolitains, le taux de chômage des 15-24 ans dépasse 20 %, tandis qu'il atteint 28 à 40 % dans les départements ultramarins.
